Un futur inattendu - Chapitre 5 : Tout le monde change

Comme je m'y attendais, mon moi futur ne faisait pas preuve de beaucoup plus d'empressement que moi-même pour sortir du confort de mon canapé.

-          On reproche souvent aux autres ces propres défauts, me disait-il lorsque je faisais une réflexion sur sa paresse.

Puisque ma propre pensée se rapproche de ce genre d'idées, je suis devenu plus tolérent et finalement, au bout de quelques semaines, un genre de routines a finalement par s'installer entre nous. La situation, au point mort, n'était pas pas si incofortable. Pour tous mes amis, il était devenu mon oncle squatteur un peu excentrique, voire bizarre.

Lorsque je posais la question :

-          Est-ce qu'il me ressemble ?

On me regardait avec de grands yeux, sortant tout droit d'un cartoon :

-          Mais pas du tout !!!

C'est clair, j'allais visiblement changé. Lorsque je m'en inquiétai il me dit :

-          On change tous, non ? La théorie de l'évolution, tu en as entendu parlé.

-          Bien sûr mais pas à la même échelle...

-          Pas celle de Darwin : l'autre, imbécile ! me dit-il comme si j'étais un demeuré, avant de se reprendre :  Ah oui, mince, tu ne connais pas encore cette théorie à laquelle je fais illusion. Enfin, bref, le fait est que tout le monde change tu dois bien t'en rendre compte de toute façon.

-          Oui, pas besoin de faire une théorie pour ça.

-          Bien d'accord, c'est une dérive du monde moderne : tout théoriser, tout mettre dans des boîtes avec de belles étiquettes dessus, facilement délocalisables.

-          Le futur n'est pas meilleur, donc ?

-          Non, pas vraiment, on espère tous que cela va bientôt changé. J'ai l'impression que cela fait 20 ans que je me dis cela va bientôt péter mais finalement il n'y a personne pour faire changer les choses. Tout le monde, moi le premier, se dit qu'on ne peut pas s'attaquer au système, trop grand pour nous, et par là même nous l'entretenons...

Il commençait à devenir intéressant mon futur moi, même si le propos peut être franchement narcissique. Je commençais, au bout du compte, à apprécier la situation.