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La Cage Aux Cochons
19 septembre 2012

Quand les cochons sortent - 14

D’abord je me dis Gustave, rentre chez toi et change toi. Je suis bien en pyjama, mais bon ( je me souviens de la fois, il y a quelques années de cela quand je m’étais rendu compte du bien-être que provoque le fait de rester en pyjama et que, fier de cette révélation, j’avais décidé de me promener comme ça, un soir, fumer quelques cigarettes et aller boire un verre. En fait c’est assez flou mais je me souviens surtout des moqueries de mes compagnons de garde à vue ( les policiers n’ayant pas non plus compris la subtilité de mon état vestimentaire (et pourtant je leur avais démontré par a+b que l’on est bien mieux en pyjama qu’avec une chemise, quoique quand il fait chaud une chemise et un caleçon c’est bien aussi, ça oui, et que non mais c’est pas vrai c’est un délit aujourd’hui de choisir son code vestimentaire et de s’affirmer de cette manière comme les punks, oui monsieur parfaitement, non mais c’est vrai quoi monsieur le gendarme vous êtes fermé d’esprit à la fin ou quoi ?)), j’avais du batailler dur pour éviter les jets d’urine, il y avait seul ce petit roumain (il ne parlait pas français je crois) et ce monsieur avec la grande moustache qui m’avaient compris, enfin lui je ne sais pas, il ne parlait pas beaucoup, je ne me souviens plus de son prénom, mais ce n’est pas grave de toute façon, il s’est jeté sous un train en sortant, je l’ai su après, c’est un contrôleur qui me l’a dit).

Sur le chemin pour rentrer chez moi, juste avant de tourner pour arriver dans ma rue, j’opère un mouvement latéral pour gagner l’entrée d’une supérette et m’acheter du vin (et oui, il n’y a que les imbéciles qui changent d’avis, heu, non, c’est l’inverse, bref) parce que j’ai toujours un sévère gueule de bois malgré le fait que je me sois recouché et le meilleur moyen de soigner une gueule de bois est de boire mon petit Gustave, n’oublie jamais ça, me disait mon pépé. Moi je pense que mon pépé il avait peur de vivre c’est pour ça qu’il était tout le temps bourré comme un âne mon pépé, bien que ce soit l’homme le plus gentil que la terre ait porté, enfin ceux que je connais parce que je ne connais pas tout le monde, hihi, je ris parce que parfois je suis un peu con quand même.

Arrivé chez moi, je me mets tout nu et me sers un grand verre de vin. Il ne faudra pas que j’oublie de me rhabiller quand même si je ressors, vu le peu de largesse d’esprit des gendarmes.

Je m’assoies sur mon fauteuil préféré, le rouge et jaune, un peu déchiré à la base (en même temps je ne suis pas difficile, c’est le seul que j’aie) histoire de boire un coup et de clarifier les choses vu l’état fructueux de mes recherches. Mon vin est dégueulasse, ça au moins c’est sur. Mon appartement est aussi vide que ce matin, quand je déambulai à la recherche d’une raison, d’un sens, le rire de Violette s’éloigne lui aussi, douce mélodie aux saveurs exotiques. Je regarde autour de moi, tout est gris vide, plat. Le relief de ma vie a disparu, je me dis. Violette… cendre de vie errante dans la ville comme dans mes souvenirs. Tu es un soleil de joie aux rayons si froids. Je me pince les lèvres et me sers un autre verre de vin sinon je vais me remettre à divaguer et pleurer comme ce matin. Au bout du troisième verre mon vin est bien meilleur, comme quoi il avait besoin d’être débouché un peu avant, ben voui c’est bien connu. Et surtout l’alcool a réussi à éliminer les sombres pensées qui gravitaient autour de mes questionnements (mon pépé était un génie, je vous l’avais bien dit).

La simplicité de la situation m’apparait comme une envie de pisser après quatre tisanes un soir de pluie.

Je n’ai qu’à réitérer les événements de la veille. Faire exactement la même chose. Provoquer les événements. Sortir, boire un coup, fréquenter mes contemporains, et c’est inévitable, plop comme ça, comme par magie, Violette réapparaitra, plop, salut Gustave, ça va, oui merci, plop Violette est là devant moi, il faut que je lui explique pourquoi je suis parti, ça va elle rigole et son rire fait disparaitre toute la morosité qui s’est collé sur le monde entier depuis ce matin, plop, comme ça.

Encore tout abasourdi par ces joyeuses décisions, mon petit Gustave, grand canaillou, tu es moins con que tu en as l’air, je décide de finir la bouteille tout en sifflotant un petit air de Beethoven.

Hop ! je me regarde encore une fois dans la glace pour vérifier que je n’ai oublié aucuns vêtements, hop ! je me chapeaute de mon plus joli couvre-chef, hop ! je sors de chez moi armé d’une confiance digne des plus grands héros mythiques, hop ! me rends compte que j’ai oublié mes clefs à l’intérieur de mon appartement, hop ! décide de ne pas laisser parasiter ce grand moment par des détails d’une insignifiance enfantine, hop ! me retrouve dehors, hop ! descends la rue et tourne à droite.

Je me sens détendu et décide de me laisser guider par mes converses allstars.

Je sifflote ou je chantonne des petits airs qui me passent par la tête, je souris aux gens que je trouve beaux ou sympathiques pour anéantir l’image dans laquelle je m’étais enveloppé la veille, hier encore j’étais innocent, aujourd’hui je le sais, je suis naturel, je me fonds dans la masse aves grâce et élégance alors qu’hier j’étais un pauvre hérisson terrorisé montrant ses petites épines pour ne pas dévoiler à ses pairs à quel point le monde le terrifie. Ha pauvre petit hérisson, aujourd’hui je suis Ulysse et je rentre retrouver Violette qui m’attend (du moins je l’espère).

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