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La Cage Aux Cochons
29 septembre 2012

Quand les cochons sortent - 21

Je ne sais pas pourquoi je marche avec elle.  Je ne sais pas pourquoi je l’ai suivie. J’aurais du lui coller mon poing dans la gueule. Ça aurait du se passer comme ça. Mais non, j’ai commencé à pleurer. Bien joué Violette. Eve n’est pas une méchante fille, pas du tout. Si elle avait su pour Gustave et moi elle n’aurait pas agit de la sorte. J’aurais du tout lui dire, maintenant c’est trop tard.

« Ma pauvre Violette, ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu, mais ça n’a pas l’air d’aller, mais alors pas du tout… » voilà ce qu’elle a dit quand elle a vu les premières larmes couler le long de mes joues après qu’elle m’ait demandé pourquoi je ne l’avais pas rejoint la nuit dernière.

« Viens chez moi boire un café, ou un verre, ça va te faire du bien, crois moi… et puis… » C’est à ce moment là que j’aurais du partir. Pourquoi je n’ai rien dit ? Peut être parce qu’elle a eu ce petit regard malicieux que je lui connais et que, rapidement, elle a poursuivi :

« Il faut que je te présente quelqu’un, je l’ai rencontré hier soir… »

Ne te fatigue pas Eve, il s’appelle Gustave, il aime les chapeaux et les mouettes et il a un regard un peu ahuri, comme si, quand il parle, il contemple la folie tout autour de nous et parfois en nous aussi, et c’est rassurant. C’est son insouciance qui  t’a charmé et il t’a également proposé de partir n’ importe où avec lui.

Mais je ne dis toujours rien, je te suis et je t’écoute sans savoir pourquoi.

« Le problème c’est que hier j’ai beaucoup bu et je ne me souviens pas d’être allé au lit, je ne me souviens pas trop de la fin de soirée en fait. En tous cas, on n’a pas couché ensemble – ha bon ? Moi non plus d’ailleurs – il a du voir que j’étais complètement saoule et il a dormi sur le canapé. Et ce matin il m’attendait, il est vraiment adorable Violette, tu devrais voir, il… – il te fera souffrir Eve, de la même manière qu’il m’a fait souffrir, et bien avant que tu ne t’en rendes compte.

On s’arrête en bas de chez elle, Eve me regarde, elle a l’air sincère :

« Vraiment Violette, ça va te faire du bien de rencontrer des gens, tu es toute pâle –je n’ai pratiquement pas fermé l’œil depuis deux jours connasse – j’espère que tu vas bien l’aimer –je n’en doute pas un seul instant Eve - » elle rigole «  non ! Tu vas l’aimer, c’est obligé,  vous vous ressemblez un peu, tu sais ? Allez viens. »

Elle me prend par la main et nous traversons l’entrée de son immeuble.

Je vais la retourner et lui foutre mon poing dans la tronche et lui dire que c’est une conne, qu’elle a gâché mes chances d’être un  jour heureuse, qu’elle a volé mon étoile et que je ne rigolerai plus jamais comme avant, même si au final ce n’est pas de sa faute, mais ça m’est égal, tout m’est égal dorénavant.

Je ne fais rien, je me laisse entrainer, sans savoir pourquoi. Enfin si, pendant que nous montons les escaliers je me rends compte que j’ai peut être envie de revoir Gustave. Juste une fois. Peut être que ça me rendra triste, ou furieuse, ou soulagée, je ne sais pas, je me laisse guider, comme je le fait depuis que Gustave est parti, finalement. Elle rigole. Elle a l’air heureuse et insouciante. Elle me fait penser à moi le soir ou j’ai rencontré Gustave.

Elle ouvre sa porte. Et je trouve Gustave debout devant le canapé, les bras le long du corps. Il a les cheveux ébouriffés et de grands yeux ahuris. On dirait un petit oiseau tombé de son nid. Il me regarde comme si j’étais revenue de parmi les morts. Ses lèvres semblent me murmurer des choses magnifiques et folles.

Et  je ne peux m’empêcher de sourire en le voyant comme ça, habillé avec des vêtements vraiment, mais vraiment trop courts.

Gustave… mais qui es tu réellement Gustave, je me demande pendant qu’Eve nous présente.

Gustave et moi.

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