Quand les cochons sortent - 4

Mais pour vous expliquer en quoi cette idée m'a semblé révolutionnaire, j'imagine (tout au moins mon cerveau malade l'imagine) qu'il faut que je vous explique ce qu'il m'est advenu il y a 7 mois et cela implique peut-être également que je vous explique ce qu'il m'est arrivé avant. En même temps, j'aurai du mal à l'expliquer parce que je ne l'ai pas bien compris. J'imagine que mon état implique que certaines choses me demeurent incomprises. Mais, n'est-ce pas folie que de penser cela ? Ah ! Si tout pouvait être aussi simple que mon plafond blanc... Encore que, parfois, je ne le comprends pas non plus. Déjà, ses passages au bleu me semblent incohérents et je ne vous raconte pas des couleur qu'il prend dans mes rêves. Mes rêves ! Du moins j'imagine que s'en est mais j'avoue que les rêves et ma réalité se confondent dans leur invraisemblance.

Bref, où en étais-je ? Qu'essayais-je de dire, de décrire? Ah oui ! Ma grande idée ! Ah... On peut dire que j'y ai longtemps cru, peut-être y crois-je encore. Je pense que ce sont lapins bleus qui m'ont donné l'idée. Encore qu'il ne m'ont jamais rien donné, pas même un merci lorsque je leur apportais quelques carottes... Tout cela pour dire que la muse de l'inspiration est venue m'insuffler l'idée que je n'étais pas là par hasard, que ma vie avait un sens et que, ce sens, si je ne le trouvais pas ici, c'est qu'il fallait que je le cherche ailleurs, comme mes amis lapins étaient partis ailleurs chercher... et bien, je ne sais pas moi ce qu'ils allaient chercher.. Sans doute ce que vont habituellement chercher les lapins. Mais je ne suis pas un spécialiste. Peut-être un spécialiste pourrait m'aider. Peut-être est-ce le but de ma présente existence que de savoir ce que cherchent les lapins bleus.

Ce n'est pourtant pas la grande idée que j'ai eu à l'époque... L'époque ! Je ne sais de quelle époque je parle ! Je me demande si cette "époque" n'est pas mon présent, mais je m'égare sans doute. J'imagine que c'est dans des moments comme celui-ci que l'on doit dire "Bref..." ou "Enfin, bon...".

Tout cela pour dire que, je pensais, et je l'avais déjà entendu de la bouche d'une autre personne, donc je pouvais avoir confiance, plus qu'à ma propre opinon qui m'a toujours semblé désordonnée... Cette personne disait que la vérité était ailleurs. Je me suis alors dit qu'il fallait que je voyage. Soit mais où ? Avec ma grande naïveté, j'ai d'abord pensé que la vérité était un endroit que l'on pouvait trouver sur une carte. Seulement, avec tous les trains que je voyais chaque jour, je savais bien qu'aucun d'eux ne s'arrêtaient à "La Vérité", le nom de cette gare aurait sans doute éveillé en moi un certain intérêt.

Où pouvais-je bien me rendre pour trouver cette destination ?  me demandais-je alors dans mon esprit perturbé... Aujoud'hui (à moins que ce ne soit hier ?), il m'apparaît clairement qu'il faut que j'arrête de raisonner, mes raisonnements ayant toujours une faille, une faille plus grosse que moi, mais ce n'est pas de ma faute : je ne suis pas gros. Enfin bon, revenons à ma destination... Je me dis (ou me suis dit) que l'avion n'offrait guère plus d'opportunités que le train. Si la vérité était accessible par un moyen de transport aussi conventionnel, tout le monde s'y rendrait de ce pas, même les lapins bleus (peut-être même surtout les lapins bleus). En tout cas, ces derniers ne se réfugieraient pas sous mon lit.

Je réfléchissais donc à mes moyens de transport et alors j'eus l'illumination ! Il faut dire que je n'en avais qu'un, à part mes pieds et mon pouce mais je n'ai jamais bien compris en quoi on pouvait s'en servir pour voyager : sans doute ne suis-je pas suffisamment musclé pour me déplacer sur cette partie de mon anatomie. Donc, bref, je me suis dit : Gustave, à 32 ans, il est temps de ressortir ta trottinette ! Et c'est ainsi que je quittai mes amis lapins bleus et mon plafond blanc pour trouver ce pour quoi j'étais sur terre. Et même si aujourd'hui, les raisons qui m'ont poussé à partir semblent irraisonnables, ce voyage a changé le cours de mon existence, tout au moins une part de ma folie le pense.